Le 22 mai 2021, la ville de Goma est touchée par l’éruption du volcan Nyiragongo, situé à 19 km de la capitale de la province du Nord Kivu en République Démocratique du Congo. La coulée de lave et les secousses sismiques entraînent le décès de 32 personnes, endommagent une vingtaine de villages et la destruction de près de 4.000 habitations, 12 écoles et 3 structures de santé.
L’évacuation de Goma a provoqué le déplacement de 450.000 personnes. Parmi les 600.000 habitants que compte la ville, près de 233.000 personnes ont rejoint les localités de Saké, Rutshuru, Lubero, Minova et Bukavu, 1400 enfants étaient non accompagnés.
L’UNICEF estimait à plus de 280.000 le nombre d’enfants susceptibles d’être directement affectés par la catastrophe. Face à l’afflux massif de déplacés, les écoles, les lieux de culte et les centres communautaires sont transformés en structure d'accueil pour faire face à des besoins en eau, hygiène et assainissement, vivres, santé et produits de première nécessité.
En raison des problèmes d’approvisionnement et de l’augmentation de la demande dans les localités d’accueil, les prix des denrées ont doublé en quelques jours. A Goma, plus de la moitié de la population n’avait pas accès à l’eau. Le HCR estimait à 350.000 personnes nécessitant une aide humanitaire d’urgence à Goma.
Présente à Goma depuis 2017, l’AMADE a aménagé le pavillon AMANI dédié à la santé maternelle et infantile au sein de l’hôpital Heal Africa, principal hôpital de la ville.
L'AMADE est également à l’origine du centre de formation à la capoeira sociale en partenariat avec l’association Gingando pela Paz RDC. Ce centre forme les éducateurs des principales structures de protection de l’enfance de Goma à la prise en charge des enfants vulnérables (enfants démobilisés des forces et groupes armés, enfants en situation de rue, enfants victimes de violences sexuelles) à l’aide de la capoeira sociale.
Ces partenaires de terrain ont dressé un état des besoins en matière alimentaire, fourniture de produits de première nécessité et prise en charge psychosociale pour les enfants accompagnés par ces deux structures.
Appui à la prise en charge des cas de malnutrition aigüe sévères des enfants de familles sinistrées du Nyiragongo : 195 enfants sont pris en charge par les équipes de Heal Africa en ambulatoire, au sein des centres de santé partenaires de Heal Africa et de son hôpital. Les activités sont supervisées par 2 nutritionnistes de Heal Africa, en collaboration avec ceux des zones de santé partenaires. 12 prestataires de soins et 15 relais communautaires sont ainsi formés.
Prise en charge alimentaire et distribution de produits de première nécessité :
Gigando Pela Paz a identifié 130 enfants en situation de vulnérabilité parmi ses structures partenaires. Leurs besoins sont couverts durant 1 mois à travers la distribution d’eau, de nourriture et de produits de première nécessité.
Accompagnement post-traumatique des enfants vulnérables :
Considérant l’expertise acquise par ACAY auprès des jeunes vulnérables (jeunes filles victimes de violences, mineurs en conflit avec la loi) aux Philippines, un transfert d’expertise entre ACAY et Gigando Pela Paz permettra de renforcer la qualité de leurs interventions auprès de leur public cible respectif. Une mission portée par l’équipe d’ACAY pourrait être organisée pour qu’elle se rende à Goma.
195 enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère ont été pris en charge par les équipes de Heal Africa (180 en ambulatoire au sein des centres de santé partenaires et 15 au sein de l’hôpital de Heal Africa).
130 enfants en situation de vulnérabilité ont bénéficié d’une prise en charge alimentaire et de produits de première nécessité (kits d’hygiène comprenant notamment des protections périodiques et habillement).
Prise en Charge des enfants sinistrés suite à l'éruption du volcan Nyiragongo à Goma, RDC
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République Démocratique Du Congo
GOMA
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Etat du projet
Achevé
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Durée
2021
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Financement
35 505 €
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Bénéficiaires
195 enfants en situation de malnutrition dans la zone de santé de Nyiragongo
130 enfants et adolescents accompagnés par le le centre de formation à la capoeira sociale
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Partenaires
Heal Africa
Gigando Pela Paz
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Objectifs
Répondre aux besoins des enfants sinistrés suite à l’éruption du volcan Nyiragongo, pris en charge par Heal Africa et Gigando Pela Paz à Goma.
Répondre à l’urgence nutritionnelle pour 195 enfants en situation de malnutrition aigüe sévère.
Appuyer la prise en charge alimentaire et psychosociale des enfants vulnérables bénéficiaires du centre de formation à la capoeira sociale.
Témoignages
Julien
Des écoliers "sans école"
L’école Patmos est située en plein coeur du quartier de Buhéné. Le lendemain
de l’éruption volcanique, élèves et professeurs se retrouvent sur la lave encore
fumante. « Il nous a fallu plusieurs jours avant de retrouver l’emplacement exacte de
notre école, c’est une catastrophe. »
Le directeur de l’établissement est effondré. A 3 mois des examens de fin d’année,
les 263 élèves de son établissement se retrouvent sans école.
Justin a 17 ans. Étudiant en dernière année d’électronique, il est très inquiet pour
la suite.
« Si je ne peux pas valider mon semestre, mon année est perdue. Je ne pourrais
pas me payer une autre année. Je devrai trouver un travail et en finir avec ma
scolarité, sans diplôme. »
Pour la majorité de ces gamins, la scolarité est faite au prix de gros sacrifices
familiaux.
FermerJackson
Les héros de Heal Africa; «L'essentiel est sauvé, on a la santé ».
Hopital de Gioma - 22 mai 2021 - 19 h.
Situé à 20 km de Goma en RDC, le volcan Nyiragongo entre en éruption. La
panique s’empare de la population. Comme en 2002, la lave se dirige vers la ville.
L’Hôpital Heal Africa est situé dans un quartier menacé par le volcan. Très vite,
l’ordre est donné d’évacuer les malades et de sauver un maximum de matériel.
250 agents de l’établissement sont à pieds d’oeuvre. Certains malades, encore
sous perfusion ou équipés d’une sonde, s’échappent, effrayés par les souvenirs
de la dernière éruption ayant fait plusieurs centaines de morts. La lave n’a pas
encore atteint la ville que déjà plusieurs blessés arrivent
à l’hôpital. Il faut gérer les urgences tout en continuant l’évacuation. S’ajoute la
terrible nouvelle : la lave est aux portes de la ville et le quartier de Buhéné serait
déjà détruit. Le stress monte d’un cran chez Jackson, un infirmier de 38 ans : sa
parcelle se situe dans ce quartier, où il habite avec sa femme et ses 2 enfants.
Toute la nuit, il tente de joindre les siens pour s’assurer qu’ils sont en sécurité,
sans succès. Au petit matin, après avoir terminé l’évacuation de l’hôpital, il saute sur une moto.
Il ne peut que constater les dégâts : « ma maison était sous 3 mètres de lave, il
ne me reste que les vêtements que je portais et la vie ». Par chance, sa femme et
ses enfants ont pu fuir à temps.
Ils sont cinq employés de Heal Africa à avoir subi le même sort. Tous sont restés
fidèles au poste : pas un jour de repos, pas une plainte. Jackson, affichant un large
sourire réconfortant, finit avec ces mots : « l’essentiel est sauvé, on a la santé ».
© AMADE
FermerRosette
Les déplacés du volcan
« Voilà ce que l’on me donne, vous croyez que mon bébé va manger du savon ? »
Suite à l’éruption du Volcan Nyiragongo, il y a plus de 40 000 déplacés, 35 victimes et détruit plus de 3000 habitations.
La grande majorité de la population a évacué la ville.
C’est dans la cité de Sake, à 25 km de Goma, petite ville de 57 000 habitants, qui va en quelques heures accueillir 140 000 réfugiés que nous avons rencontré certains d’entre eux.
Le soleil cogne encore très fort, il est 16 h lorsque j’arrive dans la cour de l’Église.
Je compte plus d’une centaine de femmes et d’enfants, visages fermés, l’ambiance est pesante.
Des petits groupes se forment dans les quelques coins d’ombre disponibles.
La plupart des femmes ont quitté leur domicile sans rien pouvoir emporter.
Rosette Amisi, mère de famille de 30 ans a perdu sa maison, ensevelie sous 3 mètres de lave.
« Muzungu, muzungu il faut nous aider »
Un attroupement s’est formé autour de moi , ils sont une vingtaine à me solliciter.
Je mets quelques secondes à comprendre que ce qu’ils veulent : raconter la douleur
d’avoir tout perdu. Rosette tient son bébé d' un an dans ses bras et me montre ce que
la Croix Rouge vient de distribuer : un seau, du savon et un bidon jaune.
« Voilà ce que l’on me donne, vous croyez que mon bébé va manger du savon ?
Il était 19 h quand ma voisine a crié....je suis sortie, sa maison était en feu !
J’ai juste eu le temps de prendre mes 4 enfants qui étaient en train de se laver et on
a fui. » Ses yeux se remplissent de larme, sa mâchoire se serre, elle tourne la tête pour
cacher son émotion. Heureusement il y a beaucoup d’entre-aide :
« regarde cette robe, c’est une inconnue qui me l’a donnée, pareil pour la couche
de mon bébé » me dit encore Rosette en brandissant l’enfant à bout de bras.
« On a besoin d’aide. Il faut tout reconstruire, une vie partie en fumée. »
© William Dupuy /AMADE
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