Régularisation d’enfants fantômes au Burkina Faso-1
Contexte

Au Burkina Faso, l’accès universel aux droits, surtout ceux liés à l’enregistrement des naissances demeure toujours problématique. En effet, il ressort d’une étude menée par la Banque mondiale que plus de 6 millions de Burkinabés n’ont pas d’acte de naissance. En 2017, 49,4 % seulement des naissances étaient enregistrées dans le délai légal de deux mois. Ce faible taux d’enregistrement s’explique par des barrières géographiques, économiques, culturelles, politiques, législatives et administratives.

Par ailleurs, la crise sécuritaire à laquelle le pays est confronté depuis 2015, complique davantage l’enregistrement des naissances des enfants. Cette crise entraine des déplacements massifs et forcés des populations vers des zones sécurisées, aggravant ainsi les difficultés et les barrières à l’enregistrement des naissances.

En l’absence d’acte de naissance, les enfants font face à de nombreux risques tels que l’apatridie, le non-accès à l’école, aux services de santé et à la sécurité sociale. Sans ce précieux document, ces enfants ne peuvent être protégés juridiquement face à la traite des êtres humains, au travail des enfants, aux mariages précoces, à l’exploitation sexuelle, aux disparitions forcés ainsi qu’au recrutement par les groupes armés.

La Direction générale de la modernisation de l’état civil (DGMEC) a lancé en 2019 un vaste programme de modernisation de l’état civil notamment par la digitalisation des actes de naissance.

Dans ce contexte d’urgence, le présent projet accompagne une première commune pilote dans le renforcement des capacités opérationnelles de la gestion de la digitalisation de l’état civil avec la solution ICivil. A travers ce projet, les enfants, et plus particulièrement les enfants déplacés internes pourront avoir accès aux services sociaux de base (éducation, santé, protection…) grâce à la délivrance de leur acte de naissance.

Activités réalisées

Identification et enregistrement rétroactif de 10 000 enfants de moins de 15 ans sans acte de naissance dans la commune d’intervention :

Le bureau d’état civil de la commune est équipé en matériel et fourniture « Icivil » nécessaire à la régularisation des naissances. 10 agents d’état civil sont alors formés à l’utilisation de cette nouvelle technologie.

Par le biais de visites à domicile au sein des villages de la commune, 40 pairs éducateurs participent à la sensibilisation des communautés à la déclaration des naissances ainsi qu’à l’identification des enfants non scolarisés qui ne possèdent pas d’acte de naissance. En complément de leurs actions en milieu communautaire, 40 enseignants procèdent au référencement des élèves qui ne disposent pas d’acte d’état civil dans les écoles de la commune, et plus particulièrement les enfants en classe de CM2 et les enfants déplacés internes. L’objectif est de toucher l’ensemble de la communauté afin d’identifier 10 000 « enfants fantômes »[1] de moins de 15 ans via le milieu scolaire et les visites à domicile.

Grâce à ces actions d’identification et de recensement, 200 audiences foraines sont organisées dans la commune pour régulariser ces 10 000 enfants, en priorisant les enfants en classe de CM2 faisant face à un besoin urgent d’état civil pour compléter leur dossier d’examen. Chaque enfant se voit alors enregistré dans le logiciel de gestion de l’état civil et reçoit son certificat de naissance.

Mise en place d’actions de plaidoyer pour faire évoluer les modalités de l’enregistrement des naissances :

Au Burkina Faso, l’établissement des actes d’état civil tient compte du lieu de naissance de la personne. Ainsi, les personnes déplacées internes et notamment les enfants nés dans un autre département sont dans l’incapacité de voir leur situation se régulariser et d’obtenir leurs actes de naissance. Un atelier national réunissant les autorités communales cibles visera à convaincre ces acteurs clés de la nécessité de prendre en compte les PDI dans les audiences foraines, seul canal qui leur permet d’accéder à des documents d’état civil.  

Un travail sera mené sur le modèle économique du projet pilote pour mettre en place de façon pérenne la solution ICivil dans d’autres communes (estimation des coûts pour les mairies, les acteurs locaux, les familles…) et ainsi sensibiliser à l’importance d’investir dans cette solution.

Par ailleurs, un recueil de données est réalisé en vue de déterminer la budgétisation de l’état civil au niveau des mairies et autres acteurs locaux, les coûts supportés par les familles lors des régularisations et le budget nécessaire pour mettre en place de façon pérenne la solution ICivil. Cette activité est mise en œuvre aux fins de plaidoyer pour mobiliser des lignes budgétaires plus importantes envers l’état civil et pérenniser la technologie Icivil dans le système d’enregistrement des faits d’état civil du pays. 

 

Résultats

Une commune pilote dispose de la solution Icivil fonctionnelle et des ressources humaines qualifiées pour la régularisation des naissances.

Les communautés de la commune sont sensibilisées et engagées dans le cadre de l’identification des enfants de moins de 15 ans sans état civil.

10 000 enfants sont enregistrés rétroactivement à l’état civil et se voient délivrer un certificat de naissance.

 

Impacts attendus :

 

Les 10 000 enfants régularisés sont enfin reconnus juridiquement et administrativement dans leur pays et ont accès à l’éducation (poursuite du parcours scolaire), aux soins de santé et à une protection juridique.

La commune pilote s’approprie l’outil Icivil et continue les actions de régularisation des actes d’état civil dans son budget au-delà des 10 000 premiers enfants régularisés

Essaimage du projet dans d’autres communes pour régulariser d’autres enfants fantômes.

Protection

Régularisation d’enfants fantômes au Burkina Faso

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  • Burkina Faso

  • Etat du projet

    En cours

  • Durée

    13 mois

  • Financement

    80 000 €

  • Bénéficiaires

    10 000 enfants âgés de moins de 15 ans sans acte de naissance

    5 000 parents au sein de la communauté pilote

    10 opérateurs fonctionnaires d’état civil de la commune cible

  • Partenaires

    Tintua

    Icivil Africa S.A

    Direction Générale de la Modernisation de l’Etat civil (DGMEC)

  • Objectifs

    Régulariser l’état civil de 10 000 enfants fantômes de moins de 15 ans dans le registre numérique national du Burkina Faso pour permettre la réalisation de leurs droits en particulier celui de l’éducation

    Accompagner le déploiement de la solution Icivil au sein d’une commune du Burkina Faso pour l’enregistrement des actes d’état civil des enfants de moins de 15 ans ;

    Renforcer la sensibilisation et la mobilisation communautaires pour l'identification des enfants de moins de 15 ans sans état civil ;